Corps et somatisation selon Nicolas Abraham et Maria Torok

La formatrice Elisabeth Darchis et les participants animateurs, Stéphane Bollaert, Véronique Lopez Minotti, Frédéric Tordo, Marie Suzanne Kalogeropoulos, Françoise Lamm, ont fait des exposés, présenté des cas cliniques sur le thème « Corps et somatisation » avec les participants stagiaires en formation.

Henri Bartoli a présenté le cas clinique d’Enzo qui avait de nombreux symptômes psycho somatiques : hypertension, diabète, obésité, somnambulisme, obsessions et angoisses, etc.

Dans la famille d’Enzo, des traumatismes étaient présents : meurtres, exodes, deuils non faits, TS, adultères, dettes d’argent… Nous avons débattu autour de la mélancolie de cette famille, du dispositif de la cure, et fait des hypothèses sur la groupalité qui s’est organisée autour des fantômes, de la honte et de la culpabilité. Nous avons eu des compréhensions sur la répression des affects et l’éclosion de problématiques psychosomatiques.

Elisabeth Darchis a évoqué ensuite l’aspect corporel dans le contre-transfert. La sensibilité et la sensorialité de l’analyste sont à l’écoute des corps en séances, des déplacements et mimiques, etc., car le destin des corps et des psychés sont étroitement liés. Cette expérience clinique peut dévoiler des traumas et des secrets de famille. Ces chemins, au plus près de l’ambiance de la séance, permettent parfois le surgissement de personnages fantomatiques. Un exemple clinique en périnatalité d’un bébé qui avait froid dans son berceau a illustré ce propos.

Après la pause, Stéphane Bollaert a défini le concept d’identification endocryptique en rapport avec l’objet perdu du moi, là où le JE s’entend comme le Moi fantasmé de l’objet perdu. Comment le sujet garde l’investissement malgré la perte ? Le souvenir est enterré dans une crypte, une idylle qui attend sa résurrection. Cette identification occulte et imaginaire échange une identité contre une autre et peut ouvrir sur la maladie de soi à soi avec sa problématique psychosomatique. Nous avons retravaillé sur le cas du mort endeuillé de N Abraham et M. Torok (p. 312 de L’écorce et le noyau, Flammarion) et compris le mécanisme de l’encryptement et de l’identification endocryptique : une femme est elle-même le père absent qui la pleure et qui souffre d’avoir été mutilé d’elle, mais qui dans des moments maniaques et d’exaltation, s’élance vers sa petite amoureuse qu’est sa fille.

Marie Suzanne Kalogeropoulos a exposé la somatisation chez Winnicott. Elle a montré la différence entre les phénomènes normaux des manifestations émotionnelles qui retentissent sur le corps (angines passagères, troubles bénins…) et les symptômes issus d’une structure psychosomatique.

L’après midi, Frédéric Tordo a évoqué la difficile question relative à la définition du Noyau et de L’écorce, à partir de l’article éponyme de Nicolas Abraham. Il a rappelé que pour l’auteur, le Noyau primaire consiste en le somatique, qui n’est pas le corps propre. Le noyau secondaire est l’inconscient, au sens freudien, tandis que l’écorce est la périphérie de l’appareil psychique qui a ses liens avec le corps propre.

Véronique Lopez Minotti a exposé une situation clinique concernant une petite fille de 4 ans avec des symptômes psychosomatiques comme son eczéma. Enfant avec retard de langage, énurésie, trouble du comportement, agitations, phobies, cleptomanie, etc., nous avons compris la dissociation et le phénomène de crypte d’incorporation dans la famille.

Et Françoise Lamm nous a parlé d’haptonomie en relatant une belle prise en charge clinique. Elle a fait un exposé sur ce qu’est l’haptothérapie et en quoi elle se différencie et peut se rapprocher du travail corporel en psychanalyse ; la levée d’engrammes négatifs par le toucher spécifique de l’haptothérapeute en lien transférentiel avec son patient peut se comparer en quelque sorte à la découverte du fantôme chez Abraham/Torok