Prix Nicolas Abraham et Maria Torok 2020

En 2020, le prix a été décerné à Claude Guy pour son ouvrage Les vivants et leurs fantômes, de la hantise au symptôme paru en octobre 2019 aux éditions Imago.

 « Les vivants et leurs fantômes » De la hantise au symptôme. Claude GUY
 « Les vivants et leurs fantômes » De la hantise au symptôme. Claude GUY

Cet ouvrage a reçu le prix Abraham Torok 2020. Claude Guy est psychanalyste, membre de l’association du Coq Héron, il a écrit ce livre en lien avec son histoire familiale. Il montre comment l’anthropologie et la sociologie nous renvoie au symbolique. Son histoire personnelle et ses voyages dont il nous fait part, témoignent de ses recherches autour du corps et de la transmission, véritable pierre angulaire de son écoute analytique.

  • Dans une première partie de ce livre l’auteur s’appuie sur l’anthropologie et la psychanalyse pour entrevoir la question de la mort. Il nous présente les rituels d’inhumation réglés par les coutumes et croyances de différentes cultures qu’il a pu rencontrer et étudier. Ils rendent compte d’un certain nombre d’archétypes universels. Les groupes humains n’ont pas manqué d’être frappés par l’inévitabilité de la mort et la nécessité de la dénier ou voire de l’interpréter. L’homme durant toute sa vie est pris en tenailles entre l’angoisse de la naissance et celle de la mort. Les rites funéraires comportent toujours un invariant, le moment où l’on se sépare du mort. Ils constituent des rites de passage, de changements de lieu. Assimilés à une métamorphose, ils s’inscrivent souvent dans une promesse de survie, de naissance ou de renaissance, dans une symbolique marquée par l’espérance. Dans certaines tribus primitives, il s’agit exorciser la présence du mort. Dans les sociétés dites modernes, l’auteur souligne la discrétion actuelle qui entoure les rites liés au deuil. Il fait état de leur réapparition dans le collectif lorsque survient des éléments brutaux comme les attentats récents. Il note la mainmise du religieux sur les consciences dans toutes les religions. La mort est souvent reliée à une peur occulte et fait partie des réalités qui exigent des représentations et des récits de toute sorte. Les hommes fabriquent des mythes, des contes, des récits leur permettant de ne pas être pétrifiés de peur. Claude Guy fait état des superstitions ou constructions de l’inconscient. Il pose la question du rapport entre fantôme et superstition. Dans une deuxième partie, l’auteur reprend les idées communément admises sur la vie et la mort depuis Freud jusqu’aux découvertes récentes. La mort d’un proche ou celle vécue par un parent peut s’inscrire comme un événement traumatique qui se transmet. La perte d’un être cher peut susciter des identifications par le symptôme des somatisations en lien avec la douleur des réalités vécues.
  • A partir de nombreux cas cliniques nous comprenons que certains traumatismes par les symptômes qu’ils entraînent sont à entendre comme des voix d’outre-tombe qui hantent la psyché des patients et leurs corps.  Il s’appuie sur les découvertes de deux pionniers de la psychanalyse Nicolas Abraham et Maria Torok, disciples de Ferenczi. Il développe dans cet ouvrage leurs histoires personnelles et leurs recherches novatrices sur une série de notions clés de la psychanalyse dont le travail du fantôme, les notions de crypte, de refoulement conservateur. Claude Guy illustre ces concepts à partir d’éléments de sa clinique.
  • L’auteur apporte un éclairage sur le travail de création, des sublimations qu’ont pu réaliser poètes, écrivains, philosophes et cinéastes. Leurs œuvres ne sont pas exempts de traces des fantômes présents dans la généalogie de leurs origines.  Note de lecture  Véronique Lopez Minotti
  • Travail remarquable, écriture d’une belle simplicité, très fluide, texte porté et guidé par une grande humanité. Ces éléments révèlent un travail de fond sur soi- même qui m’évoque une sorte d’ascèse. La thématique choisie, ses repères théoriques et conceptuels, sont parfaitement explicités et illustrés par une clinique vivante et pertinente. Les retours sur sa propre histoire, et en particulier la figure de son frère, sont venus illustrer un propos qui cherchait à se partager dans une humanité commune. Ce frère nous étant en quelque sorte remis pour qu’on lui rende justice et sa place de vivant.